L’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée Corse publie une étude sur les
Cette étude est de par son échelle une première en France. Elle |
Aujourd’hui 2,3 millions de personnes sont alimentés en eau potable à
partir de captages prélevant l’eau de la nappe du Rhône, du Bugey à la
Camargue (180 millions de m3/an prélevés à partir de 291 puits). Cette
eau est de qualité bien supérieure aux eaux du fleuve grâce à la
protection naturelle dont elle bénéficie (effet filtre des berges, du
lit du fleuve, et des sols, capacités d’autoépuration, de dilution et de
dispersion au sein des alluvions). Elle est souvent de qualité potable dès le prélèvement dans le milieu, sans traitement. Cette ressource est
cependant fragile. Les pollutions industrielles, artisanales ou
agricoles (solvants, hydrocarbures, pesticides, nitrates, etc.) menacent
certains puits de captage. Elles ont déjà provoqué des fermetures de
captages, comme ce fut le cas, à Saint-Péray, en Ardèche, suite à une
pollution industrielle. Ailleurs, des collectivités ont du installer des
dispositifs onéreux de dépollution pour distribuer une eau potable.
Par ailleurs, les besoins en eau potable augmenteront de 20 % dans les
25 prochaines années dans cette zone, en proportion de l’accroissement
de la population. Dès lors la préservation de la ressource destinée à
l’eau potable doit être absolument prioritaire sur ces territoires
stratégiques en les mettant à l’abri des risques de pollution que
peuvent représenter le développement de l’urbanisation, des zones
d’activités, des infrastructures de transport, mais aussi de
l’exploitation de granulats, ou les pratiques agricoles polluantes.
L’agence invite les collectivités de chacune de ces 44 zones
stratégiques à les protéger en les inscrivant dans les documents
d’urbanisme : PLU (plans locaux d’urbanisme), SCOT (schémas de cohérence
territoriale), contrats de milieux, etc. Si ce sujet est
traditionnellement absent des documents d’urbanisme, les évolutions
récentes offrent aux collectivités une occasion de l’introduire. La
directive cadre sur l’eau de 2000 demande de préserver les ressources
destinées à la production d’eau potable pour permettre leur mise en
distribution avec un minimum de traitement. Le SDAGE 1
Rhône-Méditerranée a repris cet objectif et en assure ainsi une
transposition dans le bassin versant Rhône-Méditerranée. Plus récemment,
en juillet 2010, la loi Grenelle 2 a renforcé le principe de gestion
intégrée de l’urbanisme et prévu la prise en compte par les schémas de
cohérence territoriale (SCOT) de la "préservation de la qualité de
l’eau" et de la "prévention des pollutions".
Au vu de ces nouvelles possibilités, l’Agence de l’eau vient d’adresser
un courrier à chaque commune des zones concernées avec une plaquette de
présentation de l’étude. Il les incite à mettre en place des mesures de
sauvegarde. Les collectivités pourront alors établir des scénarios de
développement et des zonages orientant les projets d’aménagement et
l’implantation d’activités à risque en dehors des zones stratégiques, et
veiller à les faire respecter. Elles pourront également activer les
outils dont elles disposent pour maîtriser les usages des sols
(acquisitions foncières, périmètres de protection) et les usages de
l’eau (autorisation de prélèvements, etc.). Pour protéger durablement
les ressources destinées à l’alimentation en eau potable, la
concertation avec les acteurs locaux de ces territoires en pleine
expansion économique et démographique est essentielle.
Agence de l’eau Rhône-Méditerranée Corse – 04-07-2011